La semaine des villas
Vu dans la presse japonaise cette semaine, en première page du Asahi shimbun :
A droite le nombre de 228 victimes, et une petite carte où sont indiquées la France et le Brésil. On s'en doute bien, c'est à la tragédie aérienne de cette semaine qu'est consacré cet article. Mais que vient donc faire la photo de la vigoureuse parade amoureuse des oiseaux juste à côté??
Voilà pour la petite illustration du goût parfois douteux des Japonais...
Je ne reprends pas pour le moment le récit de mes cours là où je l'avais interrompu brusquement la dernière fois ( à la télé ils faisaient une spéciale de trois heures de "the best house"; le genre de truc pour lequel on arrête tout). A la place, quelques photos de mes récents voyages dans Kyoto.
Le Sennyuuji :
Et un petit tour très rapide dans le temple voisin; le Tofukuji. Celui-là, je le ferai en détails (ça veut dire aller dans les endroits payants) une autre fois :
Sinon cette semaine a été placée sous le signe des villas impériales. Kyoto en compte deux : la Shuugaku-in Rikyuu et la Katsura Rikyuu. Je les ai visitées toutes les deux cette semaine.
Les visites sont obligatoirement guidées, mais c'est totalement gratuit. Il faut toutefois faire une réservation et y aller de préférence en vélo si on veut pas payer trop en transports, les deux villas se situant quand même en périphérie de la ville. Bouah, le vélo ça m'fait plus peur...
On commence par la villa Shuugaku-in, bâtie au 17ème siècle par l'Empereur Go mizuno-o, qui en a conçu lui-même les plans. Faut dire qu'il avait le temps aussi. Je vous rappelle que nous sommes à l'époque Edo (1603-1868). Le pouvoir politique, accaparé par les Shoguns Tokugawa s'en va à Edo ( aujourd'hui Tokyo) pendant que l'Empereur reste à Kyoto, avec une fonction essentiellement symbolique et beaucoup de temps libre...
Le gars qui nous a fait la visite était un peu intimidant. Je veux bien qu'il faille se tenir à carreau dans des lieux liés à l'Empereur, mais là c'était un peu exagéré : "Il s'agit d'une visite de groupe dans laquelle aucun comportement d'ordre individuel ne sera accepté. Les photos sont permises dans la mesure où elles ne sortent pas du cadre du groupe."
J'ai pas bien compris ce qu'il a voulu dire par là, mais il m'a foutu un peu les chocotes ce monsieur. A vouloir imposer un tel respect, un tel effacement de l'individu face à la grandeur de l'Empereur... des fois j'ai l'impression que malgré les apparences, les Japonais sont peut-être encore mûrs pour le totalitarisme. Le phénomène de mimétisme est tout simplement hallucinant dans cette société. Dernier exemple en date : la grippe porcine. Ils ont eu beau répéter dans les médias que les masques vendus habituellement dans le commerce ne pouvaient rien faire contre la propagation du virus, n'empêche qu'il a suffi que quelques uns en portent un pour qu'ils soient bientôt suivis par pratiquement tous les autres.
Sans transition, la Villa Katsura :
Bâtie à peu près à la même époque que la villa Shuugaku-in, et dans le même contexte ( un Empereur qui en pouvait plus de glander).
Cette fois-ci le guide était plutôt cool; plus soucieux de nous faire comprendre l'ingéniosité des concepteurs que d'essayer de nous inspirer la révérence envers les lieux. La visite a été vraiment passionnante. J'ai appris beaucoup de choses sur la conception des jardins japonais. C'aurait été parfait si le guide n'avait pas eu cette fâcheuse habitude d'utiliser sur les étrangers comme points de repères dans ces explications ( sur une vingtaine de personnes on était environ cinq étrangers). A chaque fois il disait : "regardez là où cet étranger est en train de regarder". Il ne l'a fait qu'une seule fois avec moi, peut-être parce que je me suis soudainement retourné. Il n y a sans doute aucune mauvaise connotation, mais on se sent quand même légèrement stigmatisé...
J'arrête ici le récit des visites de cette semaine, et vous dit à la prochaine...