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Le pont d'où on observe la lune
14 octobre 2008

Se fixer dans le corps

J’ai déjà dit dans un article précédent à quel point les cours de japonais commençaient à m’ennuyer, mais je n’ai pas été tout à fait juste avec eux. Dans l’apprentissage d’une langue les plus grands progrès sont surtout inconscients, et je dois bien admettre qu’avec un peu de recul ces cours si laborieux me sont en fait très utiles.

Ils ont un mot assez cool en japonais pour décrire ce qu’on est censé faire en cours de japonais, c’est « mi ni tsukeru ». Littéralement ça veut dire « fixer dans  le corps ».

On peut traduire ça par « assimiler » ou « s’imprégner », mais ça a pas le côté simple et efficace qui veut bien dire ce qu’il veut dire du « mi ni tsukeru » japonais. Nos professeurs nous ont expliqué en début d’année que l’on avait certainement tous beaucoup étudié le japonais, mais qu’on ne se l’était pas suffisamment fixé dans le corps. Que ça pouvait sembler fastidieux de se taper des méthodes d’apprentissage de niveau débutant quand on se sent capable d’assister à un vrai cours en japonais, mais que c’était pourtant tout aussi nécessaire pour progresser. Passer deux semaines entières à étudier le même texte, faire des dictées, répéter tous en chœur ce que dit le professeur, compléter des phrases… tout ça est assez chiant et frustrant, mais je suis bien obligé d’admettre après deux semaines de cours que ça fait quand même ses effets. C’est vrai que j’ai l’impression d’apprendre beaucoup plus de mots et d’expressions dans les cours pour Japonais, mais ceux-ci ne font que passer et je serais certainement incapable de les réutiliser. Le but des cours de japonais, c'est de se constituer une base solide et riche que l'on maîtrise assez bien. Combien de fois me suis-je dis en cours de japonais « mais je connais ça, pourquoi j’étudie ça !? » Oui, j’avais étudié certes, mais je ne m’en étais pas vraiment imprégné… (bon je vais m’arrêter là, parce que je commence à croire que j’ai été totalement endoctriné par mes profs de japonais).

Pour finir je précise quand même que cette réévaluation ne change rien à mon impression générale des cours de japonais : qu’est-ce que c’est chiant…

Mi ni tsukeru, ça a beau être une expression sympa, ça veut vraiment bien dire ce que ça veut dire.

Oh tiens, puisque je suis dans les cours de langue, je vais vous parler un peu de mes cours d'allemand. Ils ont eu lieu aujourd'hui de 18h30 à 20h00. Un horaire un peu ingrat certes, mais j'y vais toujours avec plaisir. Mon problème avec l'allemand, c'est que je l'ai suffisament étudié pour comprendre des textes et des conversations d'un niveau assez élevé, mais pour reprendre les termes de mes chers profs de japonais je ne me suis pas assez fixé dans le corps la grammaire de base. Je suis tout juste capable de la reconnaître, mais de la à l'utiliser par moi-même... Et c'est là que ça me sert énormément d'apprendre l'allemand à partir d'une langue étrangère. D'une ça me donne pas l'impression de refaire exactement ce que je suis censé avoir assimilé il y a déjà un peu plus sept ans, et de deux ça m'entraîne à passer d'une langue étrangère à l'autre. Ce qui est quand même le stade ultime du bon linguiste.

DEUTSCHEFRAGENJAPANER

J'ai l'impression de me fixer dans le corps l'allemand un peu moins péniblement de cette manière. L'apprentissage d'une langue, c'est vrai que c'est beaucoup de répétition. Mais on peut essayer de se rentrer dans le crâne autant de fois qu'on veut une règle de grammaire ou du vocabulaire, si on n'essaye pas d'y rajouter un peu de piment, il y a des cas où ça ressortira tout le temps aussitôt. Ces leçons d'allemand en japonais par contre, quoique je fasse j'aurais du mal à les oublier. Une règle de grammaire que je connaissais mais que j'avais du mal à appliquer, il a fallu que le prof me corrige une fois avec son allemand si inoubliablement japonisé, et maintenant je ne me trompe plus. Une liste de vocabulaire où je ne savais jamais si il faut utiliser der/die ou das, on la lit une fois en cours avec la traduction japonaise, et dans le métro en me la récitant dans la tête je n'hésite plus sur les articles.

Après les traductions où il faut passer de l'allemand au japonais et vice versa, ça fait vraiment travailler les neurones de devoir valser entre deux langues étrangères et aux structures si différentes.

Donc voilà, en bref des cours super stimulants. Est-ce que j'ai réussi à vous convaincre des bienfaits de l'apprentissage de l'allemand à l'autre bout du monde? Ou pour les plus sceptiques cette idée vous paraît-elle toujours aussi excentrique?

Un article peut être pas super intéressant à lire pour aujourd'hui, mais je me suis un peu laissé porté par l'enthousiasme. C'est toujours mieux que de se déverser en plaintes en tout cas...

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