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Le pont d'où on observe la lune
13 novembre 2008

La culture ça se conserve aussi dans le sel...

Ces derniers temps, le matin quand je sors de la station Demachiyanagi pour me diriger vers Doshisha, après seulement quelques pas j'ai sous les yeux ça :

demachiyanagi

Et c'est avec un grand sourire que je marche le bon kilomètre qui me sépare de mon université... L'automne commence à se voir aussi sur les arbres aux alentours du palais impérial. Tous les matins ça fait une promenade bien agréable.

Dans un blog précédent je vous ai parlé d'une autre caractéristique de l'automne, le shushokukatsudou ( recherche d'un emploi). http://lucaskyoto.canalblog.com/archives/2008/11/03/11215940.html#comments

Et bien figurez-vous que je m'y suis essayé pas plus tard qu'il y a deux jours. Enfin, dire que je me suis essayé à la recherche d'un emploi est un bien grand mot. Pendant 1h30 j'ai juste partagé le quotidien d'un étudiant japonais. En ce moment il n y a qu'un seul mot sur toutes les lèvres des étudiants de troisième année : setsumeikai ( réunion d'information ). Ca veut bien dire ce que ça veut dire, mais je vais quand même essayer de vous expliquer en quoi ça consiste plus précisément. Comme je l'avais dit dans mon article précédent consacré au sujet, la recherche d'un travail pour les étudiants se fait de façon vraiment très codifiée. Il s'agit ici de la première étape. Les différentes entreprises dans lesquelles les étudiants sont succeptibles de postuler organisent une réunion dans l'université pour expliquer en gros en quoi consiste leur activité. Certains étudiants vont à plusieurs setsumeikai par jour, moi je suis juste allé à un pour voir c'que c'était.

Il s'agissait de la banque Sumitomo Mitsui. J'ai été assez surpris, je m'attendais à quelque chose de très sobre, mais en fait ca a été une présentation plutôt animée et par moments même interactive, accompagnée d'un power point tout beau tout flashy. Le monsieur a d'abord interrogé plusieurs personnes pour leur demander quelle pouvait être leur image de la banque. En gros l'image que l'on peut en avoir quand on est jamais passé de l'autre du guichet. Le truc austère, blafard, où quand on entre on prend son ticket pour attendre qu'un bonhomme nous appelle de derrière sa vitre. Toutes les banques au Japon sont comme ça, c'est sûr que ça donne vraiment pas envie d'y bosser. Le monsieur a donc essayé de casser comme il pouvait cette image un peu sombre, puis il est passé à des explications un peu plus techniques sur lesquelles j'ai un peu décroché. Après c'est reparti sur une présentation des différentes activités de la banque avec du power point en veux-tu en voilà. ouf. Quelques mots sur les activités à l'étranger pour faire un peu rêver, puis la fin de la réunion s'approche doucement. Le représentant de Sumitomo termine sur une anecdote personnelle pour dire à quel point il aime vraiment son métier. ( alala, quoi de plus beau que de voir le sourire de la personne dont a aidé a concrétiser le rêve d'enfant.) Et comme point final il souhaite bonne chance à tous les étudiants japonais qui ont devant eux une période difficile et stressante. " Vous aurez forcément des opportunités au cours de cette année, mais il faut que vous vous prépariez tous les jours à saisir votre chance lorsque celle-ci arrivera". Sur ces quelques bons mots, je quitte la salle avec la satisfaction d'avoir eu un bref aperçu du quotidien de mes camarades japonais, et le soulagement de pas avoir à faire shushokukatsudou.

Hier par contre a été la journée normale d'un étudiant en échange. Le mercredi je n'ai pas de cours pour Japonais , juste des cours pour étrangers. Enfin pas bien grave, c'est aussi le jour de mon cours sur la culture du Japon, qui encore aujourd'hui ne m'a pas déçu. Pour la première fois le cours a eu lieu en dehors des locaux de Doshisha, pour se tenir à Shichijo, près de la gare de Kyoto, dans un magasin du nom de "Kyotsukemono Nishiri". C'est quoi ça? Un magasin entièrement consacré aux tsukemono ( wikipedia traduit ça par "choses macérées").

Pour faire simple, les tsukemono sont des aliments que l'on conserve dans le sel pendant un certain temps pour les servir généralement en accompagnement avec d'autres mets. A l'origine de simples assortiments en somme, mais Kyoto, la ville où tout devient culture, leur a donné leurs lettres de noblesse. La technique de conservation des aliments dans le sel était apparemment connu depuis très longtemps des Japonais, mais les caractéristiques géographiques de l'ancienne capitale en ont fait une des spécialités de la ville. D'abord Kyoto est assez éloignée de la mer, donc c'était pas facile à l'époque de disposer de produits frais. Et comme je vous l'ai déjà dit, Kyoto est entourée de montagne, donc pas beaucoup de place non plus pour faire pousser des légumes. Du point de vue alimentaire il ne se produisait donc pas grand chose à l'intérieur de Kyoto, mais comme c'était autrefois la capitale beaucoup de denrées venaient de tous le Japon. On essayait donc de conserver ça comme on pouvait, et on a commencé à faire des mélanges qui ont fait la réputation de Kyoto pour les tsukemono.

Voilà pour la petite histoire culinaire. Le prof a ensuite rajouté plein de commentaires sur la culture japonaise qui m'ont vraiment marqué, mais qu'une fois de plus je ne saurais retranscrire ici sans friser la banalité. Un cours qui se découvre de plus en plus passionnant en somme, sauf que l'histoire d'aujourd'hui m'a un peu donné faim. Ca tombe bien, on c'est pas déplacé pour rien, une dégustation est aussi au programme...

Armé de mes baguettes, je vous laisse donc ici pour aller me ruer sur tous ces petits mets qui n'attendent que moi.

    

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