Une vraie journée de gaijin.
Hier je vous ai raconté toutes les petites frustrations que l'on pouvait avoir en tant qu'étranger vivant au Japon. Même si il est nécessaire d'essayer de s'intégrer le mieux possible parmi les Japonais, c'est vrai qu'il faut pas se leurrer; j'aurai beau m'efforcer comme je peux, je serai toujours un étranger ici. Donc parfois c'est bien de juste oublier un peu tout ça, d'arrêter d'essayer de faire comme eux, bref de se comporter comme un vrai étranger ( ou gaijin comme ils disent ici).
Petite leçon de japonais avant de devenir un vrai gaijin:
外人, gaijin signifie "personne de l'extérieur". 外GAI, l'extérieur 人JIN, personne
La forme plus polie, c'est 外国人, GAIKOKUJIN. Personne d'un pays ( 国KOKU, pays) extérieur. Mais bon, il faut pas s'offusquer si tout le monde dit "gaijin", j'entends pratiquement jamais gaikokujin.
Ah oui, donc maintenant, si je vous dis que le premier kanji du mot suivant signifie "milieu" ( 中CHUU) , je suis sûr que vous serez capable de m'en donner la signification: 中国人
tic tac, tic tac...
中国人, chuu-goku-jin, habitant du pays du milieu, allez je suis sûr que vous voyez...
Pardon, vous avez dit?... Chinois, oui c'est ça! Bingo, c'est comme ça que l'on appelle les habitants de l'Empire du milieu en Japonais.
Maintenant que vous connaissez le suffixe "jin", vous pouvez faire toutes les variations que vous voulez:
Furansujin : Français
Pikarudiijin : Picard
Sankantanjin : Saint-Quentinois
Ribumonjin : Ribemontois
Si vous voulez savoir comment on appelle les habitants de votre patelin en japonais, n'hésitez pas à demander...
Fin de la leçon, on entre dans le vif du sujet! Hier je suis donc parti faire une ballade à vélo avec deux amis Furansujin qui habitent dans la même résidence universitaire. Un gaijin sur un vélo ça va encore ça sait se tenir, mais trois gaijin à vélo, j'ai l'impression que c'est l'archétype même du gaijin qui n'en fait qu'à sa tête et qui ne respecte rien. C'est assez libre en fait la conduite à vélo au Japon. On peut rouler où on veut, aussi bien sur la route que sur les trottoirs. Mais une conduite aussi libre, ça présuppose que chacun respecte bien quelques règles élémentaires. D'ailleurs quand on achète à vélo, avec ils donnent un petit fascicule des bonnes manières. Donc voilà, en principe c'est pas pénalisé de pas les respecter, mais si on s'en écarte ça fait un petit bordel...
C'est donc sur un vélo qu'un gaijin peut véritablement laisser libre cours à toutes ses envies de transgression. Faire la course sur les trottoirs, crier pour communiquer avec ses compagnons de ballade, faire jou-jou avec sa sonnette... Après on s'est aussi amusé à chanter des chansons bien de chez nous : la ballade des gens heureux, les corons... Vous vous souvenez du Viking d'Aix en Provence que je vous avez présenté à la fête d'Halloween. Et ben apparemment il a aussi une passion pour la chanson française aussi, un vrai juke-box... Et même s'il est Parijin à l'origine, me demandez pas pourquoi mais il connaît plein de chants indépendantistes bretons, donc on s'y est donné à coeur joie: "la voilà la blanche hermine..."
Essayez de visualiser un peu des gaijin sur leurs vélos en train de chanter pendant qu'ils se frayent un passge dans les ruelles encombrés de Kyoto. Je crois que l'on peut pas plus gaijin comme attitude. En vrai ça frise certainement la bofitude, mais qu'est-ce que c'est sympa! ( je précise que l'on s'est bien gardé de chanter la marseillaise, ça aurait vraiment été le summum de la bofitude ).
Je vous ai déjà fait le parcours détaillé d'un de mes périples en vélo, donc là je vous mets juste une photo. Il est environ 16h30 quand on arrive dans le centre de Kyoto, et il commence à faire noir. Petite pause à l'endroit traditionnel, près du pont de Sanjo, le long de la rivière Kamo, puis on continue la ballade dans le noir. C'est peut-être l'occasion d'aller voir un temple illuminé. A droite toute, vers Higashiyama.
On gare nos vélos devant un temple qui à l'air sympa. Le monsieur à la billeterie me demande " one ticket for one person?". En temps normal j'aurai répondu en japonais, mais là comme j'ai décidé qu'aujourd'hui j'étais un pur gaijin je réponds juste "yes".
C'est parti pour une petite visite nocturne au temple Shoren, qui ce soir s'est revêtu de bleu. Et là je m'aperçois que l'on est atterri dans un endroit vraiment magnifique. Donc je me calme un peu car ce soir j'ai décidé d'essayer de prendre de belles photos, rien que pour le plaisir de vos yeux.
Voici les stars de la saison, les momiji ou feuilles d'automne.
Petite promenade dans la forêt de bambous éclairée en bleu que l'on pouvait apercevoir sur la première photo. Ambiance absolument surréaliste.
Petite fierté personnelle de ma collection. D'habitude il y a toujours deux ou trois personnes devant, mais là au moment où j'ai pris la photo pas un chat. Le seul moyen que j'ai trouvé de stabiliser l'appareil c'est de le poser contre un arbre, raison pour laquelle la photo est un peu penchée. En même temps comme ça ça suit le mouvement des bambous qui s'envolent vers le ciel... Bon j'arrête de me la péter, mais juste pour dire que je suis vraiment content de moi sur ce coup là.
Une constellation d'étoiles bleues illumine le jardin.
Je me suis encore tordu en quatre pour avoir cette photo, mais rien n'est trop pour le plaisir de vos yeux.
Voilà voilà, après cette petite visite féérique il est maintenant temps de rentrer. Ce soir c'est prévu que j'aille visiter le kiyomizu-dera, donc vous aurez très bientôt droit à une suite de mes séries nocturnes...