Le Mont Hiei

Il s'en est passé des choses depuis le dernier article que j'ai écrit. Dernier jour du festival de Doshisha, escalade du mont Hiei, et visite de Arashiyama... Ca va fournir de la matière pour les jours à venir. Je reviens tout juste d'Arashiyama, mais comme il vaut mieux bien faire les choses dans l'ordre aujourd'hui je vais vous parler du mont Hiei.

Mais d'abord avant d'entrer dans le vif du sujet un petit bilan du festival de Doshisha.

Et pour commencer je ne résiste pas à l'envie de vous montrer une petite image de catch japonais :

Sinon pour ce que j'ai fait vendredi, ben en fait les French taiyaki ont eu tellement de succès qu'il restait plus grand chose à vendre à part du thé ou du café. On a évité le déficit que tout le monde craignait, et finalement on s'en sort avec 1000 yen ( environ 8 euros ) de gain. Enfin dit comme ça on dirait que tout ça c'est grâce à moi. Moi j'ai juste fait le guignol pendant deux heures avec mon tablier et mon bonnet de Père Noel. Si on s'en sort aussi bien, c'est surtout grâce aux Japonais qui ont travaillé d'arrache pied pour liquider tous les stocks.

Vers 17 heures, ça commence à remballer. De tous les bâtiments de l'université, on voit des gens sortir en transportant des tables, des cartons, ou des instruments de musique. C'est impressionnant l'ordre et l'efficacité avec laquelle tout ça s'active. A vrai dire j'ai toujours été irrité par le stéréotype qui compare les Japonais à des fourmis, mais là "fourmilière" est vraiment le premier mot qui m'est venu à la bouche pour décrire tout ça. Difficile de croire que c'est les mêmes que l'on voit d'habitude dormir en cours, et pourtant...

Tout ça se termine donc aussitôt, il y a fort à parier que demain il ne restera pas une seule trace du festival de Doshisha, pas même une petite affiche oubliée dans un coin.

OK j'ai compris il est temps de passer à autre chose. Passons aux choses sérieures. Passons au Mont Hiei.

Debout à 8 heures pour arriver vers 9h30 à la gare au pied de la montagne.

Le réveil a été plus difficile que prévu. La petite soirée entre francophones qu'un ami avait organisé pour son anniversaire s'est un peu étendue sur toute la nuit... Je dis juste ça pour pas que vous vous étonniez pas de la seule gueule que je peux faire sur certaines photos.

Ici aussi les couleurs de l'automne sont encore magnifiques. Mais bon si je voulais tout vous montrer ça prendrait encore certainement tout un article, et j'ai encore les phots d'Arashiyama à vous montrer... Faudrait pas que vous vous en lassiez quand même. Donc pour les momiji je m'arrête ici, et on passe à l'étape suivante. Aujourd'hui j'ai quand même une montagne à escalader...

On est obligé de prendre le téléphérique pour aller jusqu'à un certain point. Boh c'est pas si mal, il faut quand même que je me ménage un peu aujourd'hui.

Je vous zappe un peu l'ascension, qui n'a pas été si dure que ça d'ailleurs. En sortant du téléphérique on marche une petite vingtaine de minutes et ça y est, nous voilà déjà arrivés au sommet. D'un côté on entrevoit Kyoto, et de l'autre, sur cette photo, le lac Biwa. Un lieu chargé d'histoire et de mystères, théâtre des batailles les plus épiques qu'ait connu le Japon. Ah oui, le plus grand lac du Japon aussi. Vous pouvez pas le manquer sur une carte, c'est le gros point bleu au milieu.

Photo de groupe avant de continuer plus loin. Comme vous le voyez, l'ami que je vous ai présenté à la fête d'Halloween n'a toujours pas quitté son habit de Viking. Sinon au sommet du mont Hiei, à part une vue sur le lac Biwa, en fait il y a pas grand chose. Ah si, une espèce de jardin à la française. Me demandez pas pourquoi ils ont mis ça là, j'en sais rien du tout. Tout ce que je sais, c'est que j'ai pas envie de payer 500 yen pour y aller. Un jardin français m'voyez... En plus encore si c'était un jardin zen fait de cailloux il y aurait peut-être quelque chose à voir, mais là un jardin à la française en cette fin novembre...

Aujourd'hui c'est à peu près la même équipe que la dernière fois, sauf que les Japonais sont en majorité. Sur les cinq il y en a deux qui commencent à présenter des signes d'intérêt pour le jardin. Vite, il faut que j'essaye de leur transmette ma volonté de manière non-verbale, comme ils font au Japon. Faire la tête du gars qui a vraiment pas envie d'y aller, ça demande pas un grand effort vu la petite nuit que j'ai passé. Il suffit juste d'y rajouter un petit air de désapprobation, et voilà le tour est joué.

Donc on bouge. Un seul mot pour décrire tout ça : stupéfiant.

Difficile de croire que le monde s'agite autant là dessous. En France, les remous pour la succession au PS, à Bombay la panique après les attaques terroristes; et partout de Tokyo à New York on s'affolle de la crise économique. De tout ça rien, pas même le moindre écho, ne peut parvenir ici.

Et nous tranquillement, nous continuons donc notre visite. Là pour le coup ça marche bien. Direction l'Enryaku-ji, un temple situé en haut de la montagne.

Et je vous assure que c'est pas du tout petit temple. Un peu à la manière du Fushimi Inari Taisha de la semaine dernière, c'est surtout un complexe formé de plusieurs tempes s'étendant sur l'ensemble de la montagne. Et ça prend un certain temps pour se déplacer de bâtiment en bâtiment, mais pas de problème on est tous bien motivés. J'y vais avec un petit bâillement quand même, mais je vous assure que même dans mon cas le sourire et la volonté sont bien là...

Probablement le bâtiment d'où tout a commencé. Peut-être pas l'original vu l'histoire mouvementée qu'à connu le lieu, mais quand même un lieu chargé d'histoire et d'émotion. L'Enryaku-ji est le "quartier général" de la secte bouddhique Tendai, et il a été fondé pratiquement en même temps que Kyoto ( vers la fin du VIIIème, début du XIème siècle ). C'est dans ce temple qu'ont été affirmés les grands principes de la secte Tendai.

Si le temple a été fondé en même temps que la capitale, c'est plutôt de manière concurrente que de façon coordonnée. A une époque où le Japon ne connaît pas encore vraiment d'unité politique, les sectes boudhiques forment presque de véritables Etats faisant de l'ombre au pouvoir officiel. Elles disposent de leurs propres armées de moines guerriers ( les 僧兵, souhei　僧SOU : moine et 兵HEI: guerrier. C'est tout con) , et n'hésitent pas à intervenir allègrement dans les luttes de pouvoir d'ici-bas.

Et pas seulement de la petite implication, puisque l'Enryaku-ji n'a pas hésité par exemple à offrir l'asile à son candidat pour la succession au trône impérial. Ce qui lui a valu bien sûr d'être rasé à maintes reprises...

Que c'est émouvant de faire sonner la cloche de l'histoire...

Dans ce hall se trouvent les portraits de certaines grandes figures du bouddhisme japonais qui ont traîné leurs baskets dans les couloirs de l'Enryaku-ji. En fait quand on regarde bien, pratiquement tous les plus grands sont là. Les maîtres les plus illustres ont reçu l'enseignement de l'Enryaku-ji, qu'ils ont combiné avec leur propre pensée où les idées d'un penseur chinois sorti du placard, puis ils ont crée leur propre secte. Mais pratiquement tous sont passés par ici. Ce que fait dire que l'Enryaku-ji est la matrice du bouddhisme japonais.

Oulala, il monte bien fort cet escalier. Enfin pour un moine guerrier ça devait être a peace of cake. Sans doute sur les mains et peut-être même en utilisant seulement les petits doigts. Pas mal de rumeurs circulent au sujet de l'entraînement de choc que devaient ( ou que doivent ? ) subir les moines de l'Enryaku-ji. Comme courir 85 km par jour pendant trois mois... Euh moi je veux bien, mais faudrait pas déconner quand même, on est plus époque ou Kyoto et le mont Hiei se faisaient la guéguerre...

Là on est à l'intérieur du temple situé en haut de l'escalier. Décidément ils aiment bien quand ça monte ici...

Suite de la visite. Enfin quand même une petite pause dans un jardin zen pour que chacun puisse se remettre de ses émotions. Ah oui je précise qu'une fois que l'on a payé les 550 euros pour entrer dans l'Enryaku-ji on est libre d'aller où on veut. Je dis ça pour pas que mes parents fassent des yeux ronds en croyant que j'ai payé 500 yen à chacune de mes visites aujourd'hui...

Fiou, ben il est loin le prochain temple... Pour se donner un peu de courage en marchant, on observe le paysage alentour. Tout simplement magnifique.

Ca y est. Nous y voici. Le Shakadou.

Il se fait tard, alors on commence à redescendre doucement.

Ca passe vraiment vite, avec tous ces décors somptueux qui défilent sous nos yeux.

Ca y est, téléphérique en vue.

Et retour à la case départ, la gare au pied du mont Hiei. Je sentais pas trop la fatigue quand je m'activais à marcher toute la journée. Mais là je m'assieds dans le métro et ça y est je la sens qui m'emporte. Au retour à Mukaijima le brave moine guerrier est juste bon à dormir; et il va s'y employer de ce pas.

Comments

[Thom]

Tu grimpe le mont Hiei et tu n'as toujours pas fait la visite de Nijo pour ton frère ?! La demeure du Shogun ça devrait t'interesser au meme point que la cloche de l'histoire? Ou alors tu as decidé de faire la visite dans l'ordre chronologique... vivement 1600 alors...

Sinon profits bien de tes visites et a quand Nijo... ?