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Le pont d'où on observe la lune
11 février 2009

Fais moi peur

Aujourd’hui, 11 février, est fête nationale. Jour de la fondation légendaire du Japon par l’empereur je sais plus qui en l'an je sais plus trop quand. Enfin c'est pas bien grave, la plupart des Japonais en savent pas plus que moi.

En vérité il se passe pas grand-chose en ce jour censé être si particulier. Donc pour mettre un peu de piment à ce jour si particulier et pourtant si banal, je vous propose aujourd’hui des histoires qui font peur.

Aujourd’hui si vous demandez à des Japonais si ils croient aux fantômes, vous aurez sûrement des réponses très variées. Ce dont vous pouvez être certains en tout cas, c’est que leurs ancêtres y croyaient dur comme fer.

La preuve en images avec des photos réalisées lors de l’un de mes récents voyages à vélo dans les environs de Kyoto. 

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Qu'est-ce qui fait peur là-dedans? Rien du tout, vous avez raison, mais attendez que je vous explique...

Nagaoka est une petite ville paisible en banlieue de Kyoto, où l’on ne décèle plus l’ombre d’un furtif passé impérial. Et pourtant, Nagaoka a bien failli devenir la capitale millénaire, berceau de la culture japonaise, en lieu et place de Kyoto. Nous sommes en 784, l’empereur Kammu cherche à asseoir son pouvoir en se faisant bâtir sa propre ville impériale au Nord de Nara, l’ancienne capitale. Le lieu choisi en premier lieu est Nagaoka, sauf qu’à peine les travaux commencés les intrigues de pouvoir se déplacent aussi dans la nouvelle capitale en construction. Ca se finit en meurtres et autres complots obscurs que j’ai pas envie de développer ici, mais toujours est-il qu’à peine notre Empereur Kammu se pense-t-il débarrassé de ses éventuels concurrents,  voilà qu’une série de catastrophes naturelles touche la nouvelle capitale, puis que les membres de sa famille meurent les uns après les autres de façon inexpliquée. Pour les gens de l’époque, ça ne fait aucun doute, tout ça est l’œuvre des mauvais esprits déboutés ayant perdu dans les luttes de pouvoir. Le diagnostic est simple : la ville est désormais maudite, et la seule solution est le déplacement de la capitale. Voilà comment Kyoto  a eu tout à fait par hasard le destin qui fut le sien…

Un autre exemple célèbre de l'influence des esprits dans l'influence japonaise; Sugawara no Michizane.

Sugawara no Michizane est célébré aujourd'hui à travers tout le Japon comme le dieu des études. Les étudiants viennent prier dans son temple pour la réussite scolaire, et particulièrement juste avant de passer un examen. Je crois que l'on doit trouver un sanctuaire consacré à Sugawara no Michizane dans pratiquement toutes les villes du Japon...

Restons à Nagaoka, qui possède elle aussi son sanctuaire dédié à Michizane. Pour votre information un sanctuaire consacré à Sugawara no Michizane, on appelle ça un "tenmangu":

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Le dénommé Sugawara no Michizane a réellement existé vers la fin du IX ème siècle. C'était un homme qui a gravi tous les échelons grâce à son érudition et son talent extraordinaires, jusqu'à devenir premier ministre; ou du moins l'équivalent de l'époque. 

Seulement voilà que le Michizane se met à attirer la jalousie; accusé à tort de complot contre l'empereur il est banni de Kyoto et envoyé en exil à Kyushu. Michizane y meurt dans la solitude, le désespoir et la rancune. Devait arriver ce qui devait arriver : Kyoto se retrouve soudainement touchée par plusieurs catastrophes naturelles et une série de malheurs inexplicables frappe la famille impériale. La solution pour arrêter tout cela : il faut bâtir un sanctuaire consacré à Michizane afin d'apaiser son esprit enragé.

C'est de là qu'a débuté le culte du dieu des études. En fait on retient souvent l'image de l'homme qui par sa grande érudition a su s'élever au statut de dieu, mais ce passage dans la déification de Michizane est souvent un peu oublié. Michizane ne s'est imposé comme le dieu des études qu'au moment où l'éducation s'est elle aussi généralisée. Des Tenmangu se sont alors construits à travers tout le Japon, et c'est là que l'on a commencé à négliger peu à peu le fait que Michizane n'était au départ qu'un esprit tourmenté.

Pour finir, je me rends compte que ce blog ne fait pas vraiment très peur malgré son titre. Je vais donc vous dire pourquoi j'ai eu l'idée de cet article consacré aux fantômes du Japon.

Hier à la télé, ils ont passé un programme consacré aux phénomènes paranormaux et autres petites histoires qui donnent la chair de poule. Il y a eu les traditionnels films de yétis ou d'ovnis que l'on a vu passer au Mexique. Ouais bof, moi le truc qui m'a franchement foutu les chocotes, et je le dis sans honte, ce sont les histoires de fantômes que les écoliers japonais se racontent. Même si au fond tout ça n'est que des jeux de gamins, on sent bien là dedans tout une tradition qui considère les fantômes comme quelque chose de bien sérieux.

L'histoire de Satoru-kun

A partir d'une cabine téléphonique, appellez votre propre téléphone portable et demandez "Allô, est-ce que Satoru-kun est là?", puis racrochez. Eteignez ensuite la batterie de votre téléphone portable. D'ici huit heures, votre téléphone censé être éteint vous avertira de l'arrivée d'un message de la part de... Satoru-kun.

" Je suis à Kobe", où un lieu pas trop loin de chez vous

Puis "Je suis à la gare de Kyoto"

"Je suis au Pont Kangetsukyo"

"Je suis au supermarché Kinsho"

Bref, par ses messages vous comprenez que Satoru-kun se rapproche de plus en plus de vous, jusqu'à ce que...

"Je suis derrière toi"

Et là, gardez votre sang-froid, ne vous retournez surtout pas. Satoru-kun répondra alors à n'importe laquelle de vos questions. Si par malheur vous vous retournez, Satoru-kun vous emportera avec lui on ne sait où... Dans le programme télé le gamin s'est retourné, et à voir la tête qu'avait Satoru-kun je vous conseille vraiment de pas vous retourner.

Une autre histoire : la dame à une seule jambe.

Vous êtes en train de vous regarder dans un miroir, et à ce moment là une femme apparaît à vos côtés. Elle est tout de blanc vêtu, et détail qui compte, elle n'a qu'une seule jambe.

Elle vous demandera alors : "Est-ce que tu sais où est ma jambe?"

Et là coûte que coûte vous devez répondre : "Meishin Kôsoku Dôro ni aru" "Elle est sur l'autoroute Meishin" ( qui relie Nagoya à Kobe )

La dame vous demandera alors : "de qui sais-tu ça?"

Et là vous devez répondre : "Kashima Reiko"

Si par malheur vous vous trompiez dans les réponses, la dame disparaîtra en emportant avec elle votre jambe...

Bon, et ben sur ce... je vais aller trembler seul dans mon coin....

   

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Commentaires
T
eh ben finalement la piscine (Georges Guetary)etait un suspense moins effrayant!
A
c'est amusant de voir que la technologie est une sorte de moteur de la peur dans un pays pourtant à la pointe dans ce domaine (c'est peut-être justement pour ça... à méditer) : cette histoire du téléphone sans batterie qui communique avec les esprits, l'histoire de la cassette vidéo avec l'esprit d'une gamine qui sort de la TV pour nous tuer... la base semble assez proche : la technologie sert de support au mythe et à des cultes les plus improbables et pousse notre imaginaire à trouver une logique à travers notre incompréhension et nos craintes nouvelles issues de la technique.<br /> me voilà encore parti dans mes délires. promis, j'arrête le coca !!!
M
Quel érudition !<br /> Une belle leçon des légendes et autres traditions japonaises pour le moins méconnues (en ce qui me concerne tout du moins ^^).<br /> Bon courage pour les fantômes !<br /> <br /> PS : je vois pas trop le rapport entre la jambe perdue et l'autoroute mais bon... ^^"
T
T'inquiète ta maman arrive bientôt pour apaiseer tes peurs ! J'aurais bien aimé savoir àquoi ressemble le Dechavane japonais !<br /> <br /> Bonne nuit et pas de jeux débiles !<br /> <br /> PS :<br /> 私はスクリーンの後ろなんだよ!<br /> 私はあなたのスクリーンの背後にある知っている!
Le pont d'où on observe la lune
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