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Le pont d'où on observe la lune
7 décembre 2008

Marre du mont Fuji et de l'emploi à vie

Certains cours m’ont réservé pas mal de surprises cette semaine. Notamment celui qui s’intitule « Japonais, général ». C'est un peu un cours récapitulatif, où le support utilisé n’a pas vraiment d’importance. Le texte est juste un prétexte pour réviser un peu tous les jours les fondamentaux et s’imprégner à force de martelage d’un japonais très bien écrit. Je veux bien que dans ce cours la forme importe finalement plus que le contenu, mais quand j’ai vu pour la première fois le titre du deuxième texte sur lequel on allait bosser, j’ai cru que j’allais pleurer à l’idée de devoir me coltiner ça pendant tout ce temps.

Le Mont Fuji.

La laborieuse ascension textuelle du mont Fuji se sera étalée sur plus d'un mois. Une grammaire d'un niveau de plus en plus élevée, montant d'un cran à chaque phrase, mais un contenu qui demeure d'une platitude déconcertante. Maintenant je suis capable d'employer les tournures les plus sophistiquées que le japonais peut compter pour dire les choses les plus banales au sujet du mont Fuji. C'est très bien de soigner la forme, mais par pitié faites quelque chose pour le contenu!!

Ma prière silencieuse aurait-elle été entendue? Cette semaine, après avoir inspecté le mont Fuji méticuleusement et jusque dans ses moindes recoins, on a enfin vu le bout du tunnel. Notre nouveau texte parle des différents niveaux de langage du japonais, et comment tout ça varie en fonction des dialectes. En voilà un sujet intéressant! Ca permet aussi d'en apprendre plus sur le kansai-ben ( le dialecte de la région ), et sur ses variantes locales ( entre Kyoto ou Osaka) ou en fonction des individus ( le marchand de poissons ou la geisha). On a même pu entendre un peu de ce fameux parler des geishas, c'est beau; ça fond presque dans les oreilles. Les geishas utilisent un niveau de langage ultra-poli, mais le langage poli de Kyoto n'a rien à voir avec le langage poli de Tokyo. A Tokyo, ça donne une impression de froideur et ça instaure tout de suite une certaine distance. A Kyoto au contraire il y a quelque chose de plus chaleureux et d'accueillant dans le langage poli. Mais malgré tout les Kyotoïtes ont la réputation d'être des gens assez renfermés et méprisants à l'égard de ce qui peut venir de l'extérieur de leur ville millénaire... Voilà, tout ça pour dire que j'ai enfin retrouvé un peu plus d'enthousiasme pour mes cours de "japonais général".

Cette semaine, après une bonne surprise, il y a aussi eu une fausse joie. Ca se passe dans le cours d'expression orale. Je sais pas ce qu'ils ont tous les profs, mais ils ont une fâcheuse tendance à ne jamais vouloir sortir des sentiers bien connus, archi-battus, resassés jusqu'à satiété, bref déjà complètement érodés. En permanence ils nous ressortent les mêmes sujets. En cours d'expression écrite, on grate sur les femmes et le travail au Japon, ou les nouveaux comportements des jeunes face au travail. En cours d'expression orale, on discute sur le système d'emploi des jeunes au Japon ( ce dont je vous ai un peu parlé l'autre jour, les tests, les entretiens, tout ça ), et on compare avec les autres pays. En soit c'est pas des sujets inintéressants, mais comme je vous l'ai déjà dit c'est vraiment du très très classique. Tout étudiant de japonais qui se respecte en a déja entendu parler plusieurs fois durant son parcours.

Après c'est quand même bien de comparer avec les autres pays, mais comme tous les profs n'ont que le mot de travail à la bouche, ça fait déjà dix fois que j'ai entendu comment on cherchait un boulot en Chine. Et ça fait déjà bien cinq fois que j'ai expliqué ce qu'il s'est passé pendant les manifestations contre le CPE ( bizarrement ils ont eu pas mal d'échos au Japon).

Sauf que cette fois-ci pendant le cours d'expression orale la prof a enfin fait preuve d'innovation. Sujet : la peine de mort.

En voilà un sujet qui peut-être intéressant à débattre. Dans la classe à part moi il y a des Chinois, des Coréens, un Américain, et un Australien. Pour l'Australie je sais pas, mais pour le reste avec le Japon ce sont autant de pays où la peine de mort est encore pratiquée. Et l'un de ces pays, la Chine, détient quand même le triste record du plus grand nombre d'exécutions capitales par an... Avant de débuter, la prof fait un petit sondage pour savoir qui a priori se pense plutôt contre ou en faveur de la peine de mort. Contre la peine de mort : seulement deux mains levées, dont la mienne. Tiens, tiens c'est intéressant tout ça. Si je devais énumérer les raisons pour lesquelles je me pense plutôt contre la peine de mort, le " ben parce que chez moi on la pratique pas" viendrait vraiment en dernier. Mais en voyant toutes ses mains levées lorsque la prof pose la question inverse, je ne peux pas nier que dans mon avis a priori tout à fait libre, il y a quand même tout le poids de la culture, des habitudes et de l'éducation.

J'aurais bien aimé débattre de la peine de mort avec tous ces gens là, pour voir si je suis juste conditionné ou si j'ai vraiment mes propres raisons d'être contre, mais ici encore grosse déception. Il s'agit juste d'un cours d'introduction à la discussion à la japonaise. La prof a préparé le script tout fait. Il suffit juste de lire chacun son tour. De voir ce qu'il faut faire, ou ce qu'il ne faut pas faire afin de mener un bonne discussion, bien dans les formes. Il faut que tout ça rentre bien dans le cadre, et que rien ne déborde.

A la fin du cours, la prof nous donne le sujet de la discussion que l'on devra préparer pour la semaine prochaine. Cette fois ci une vraie discussion :

" Pensez-vous que le système japonais d'emploi à vie doit être complètement éradiqué? "

NNNNNNNNNNNNNNNNoooooooooOOOOOOOOOOOOooooooooooNNNNNNNNNNNNNNNNN!!!!!!!!!!

Ca y est, nous voilà revenu à un sujet insipide, déjà traité mille fois, et complètement nippo-japonais.

Ahh, j'en peux plus!! Vite, un peu d'air frais!!! Si vous le permettez, je vais maintenant noyer ma frustration dans une série de photos prises près de la station Demachiyanagi.

tempsbizarre

pontpaysage

IMMEUblearbres

pontnuages

pontpr_s

cieldemachi

 

 

   

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Commentaires
D
T'as qu'à en profiter pour réfléchir au facteur "socialisation" (formatage?)dans le système éducatif, quel qu'il soit. Former : mettre dans des formes (faut parfois revenir aux lapalissades !) ; des moules, quoi.<br /> Non, Lulu, la question du système d'emploi à vie n'est pas insipide : sa récurrence vise à préparer psychologiquement les futurs cadres à la flexibilité et autres pseudo-valeurs du capitalisme.<br /> Comme tu le dis dans un précédent message, la langue est un outil. Un merveilleux outil de connaissance et de communication, mais aussi un outil efficace de manipulation.<br /> Bon, pas de souci, tu vas cultiver ton esprit critique...<br /> Psssttt.... JOYEUX ANNIVERSAIRE !<br /> Bisous
M
et tu en profites pour ranger ta chambre, lessiver, astiquer tes chaussures, etc ...
B
T'as qu'à sécher les cours qui te gonflent
A
Huhu, courage!<br /> Mais dis, c'est divisé en deux semestres ton année? P'tetre qu'au semestre prochain les cours seront plus attrayants.
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