Non, vraiment là trop c'est trop.
De quoi tu te plains encore?
Du la météo? Euh, te moque pas trop de nous on a bien vu tes photos d'hier...
De tes cours? Ben ouais, écoute qu'est-ce qu'on y peut...
Rassurez-vous, malgré son titre trompeur l'article d'aujourd'hui ne sera pas encore un article exutoire.
Jusqu'à présent, je me suis retenu d'évoquer le thème, mais là trop c'est trop, il faut absolument que je vous en parle.
Il faut absolument que vous sachiez ce que les Japonais font de notre langue. Dans une grande ville de la taille de Kyoto, le français est beaucoup plus présent que l'on ne pourrait le penser. Des enseignes de magasins aux emballages de produits alimentaires, le français est partout. Je vous mets au défi de marcher en ville plus de dix minutes sans tomber sur un seul petit mot de français.
Mais quel français... Je pense qu'il serait plus correct de dire des bouts de français collés les uns aux autres.
Un exemple tout à fait charmant que j'ai trouvé la semaine dernière sur le chemin du Daimonji. Le "café voir clair".
Après d'autres exemples me viennent à l'esprit, mais je n'ai pas eu à chaque fois le réflexe sain de sortir l'appareil photo. Il n y a que très peu de temps que j'ai développé cette habitude; ce n'est pas encore devenu tout à fait systématique. Mon université gère un restaurant qui s'appelle le "hamac de paradis". Mais comme je le vois pratiquement tous les jours j'oublie toujours de le prendre en photo. Il faudra vraiment que vous me le rappeliez celui-là, avant que je m'en aille...
Etant donné que le sens n'a pas vraiment d'importance, les Japonais sont passés maîtres dans l'art de lier les uns aux autres des mots qui n'ont parfois rien à voir. Ou alors ils en inventent, le principal c'est que ça aie l'air d'être français... Vous savez vous ce que ça veut dire "ecruefil"?
Le mot français que l'on rencontre le plus souvent au Japon est sans doute "petit". Japonisé ça donne プチ PUCHI ( pou-tchi). Du coup, quand ils essayent de le réécrire en alphabet français, ça donne un peu de tout. De puchi à petit, en passant par putti, putit, petti, peti, puti, pechi, putti...... Mais tout ça à la base c'est le même mot.
Ouais c'est ça, on est tous avec toi! Mais qu'est-ce que tu veux dire au juste?
Bon là je n'ai rien à redire. Pour une fois ils ont même fait l'effort d'employer quelqu'un pour vérifier si la grammaire était correcte. C'est juste pour vous montrer l'emploi qu'on peut faire du "petit". Le plus souvent on le trouve sur des emballages de produits alimentaires, mais je l'ai déjà croisé ailleurs, comme dans des librairies. Par exemple les livres de format poche censés fournir les bases essentielles d'un domaine donné ou voués à une fonction pratique ( enfin les petits livres quoi !) ont de temps en temps un titre qui ressemble à ça : puchi philosophie, puchi cuisine...
Il arrive que le français ne serve pas simplement à décorer. Quand on veut se faire comprendre en français au Japon, le mieux c'est de combiner des mots français connus d'à peu près tout le monde ( "petit" et autres "c'est la vie") avec du japonais ou de l'anglais.
Si on lit comme il faut, une moitié en français et l'autre en anglais, ça passe encore. Mais si on lit tout en français, c'est là que l'on obtient les résultats les plus désastreux...
Bien sûr, et les bonbons "Picardy branchée", c'est pour quand?
Et je vais maintenant vous montrer la petite perle de ma collection. Celle qui m'a fait prendre conscience que trop c'était vraiment trop, et que je ne pouvais décidément plus garder tout ça pour moi.
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Même dans vos rêves les plus fous, vous n'avez sans doute jamais osé y penser. Et pourtant, les Japonais l'ont fait.
Bon, et ben après tout ça j'ai vraiment besoin d'un puchi somme pour me remettre les idées en place...