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Le pont d'où on observe la lune
21 décembre 2008

L'homme qui savait se faire écouter des étudiants japonais

Ma journée d'hier a commencé par une matinée studieuse. Pendant plus de trois heures j'ai bossé comme je ne m'en croyais plus capable. L'année dernière et quand j'étais en prépa c'était devenu une habitude d'étudier, un réflexe. Je rentre chez moi et j'étudie, c'est comme boire ou manger. Sauf que depuis mon arrivée ici j'ai un peu perdu la main. Comme je suis officiellement dans un programme linguistique, j'ai commencé à perdre tous scrupules à l'idée de passer le plus clair de mon temps à papoter ou à lire des trucs sans lien direct avec mes cours. Parler japonais le plus souvent possible et lire des trucs qui nous intéressent, c'est bien le meilleur moyen d'améliorer ses capacités linguistiques, non?

J'aurais volontiers continué à ce rythme plus longtemps, mais là il commence à y avoir alerte. Comme je vous l'ai dit dans l'article précédent, les profs ont commencé à donner les sujets des rapports à écrire pour la fin du semestre. Sauf que dans un de mes cours l'examen final ne consiste pas en un rapport à écrire chez soi, mais en un devoir sur table. Il s'agit du cours sur "la politique internationale de l'Asie orientale". En vue de cet examen, il faut donc que je me remette à étudier comme je le faisais si bien auparavant. Avec en plus le petit défi supplémentaire qu'il faut savoir dire tout ça en japonais...

C'est quoi déjà les pays de l'ASEAN? On en est où du problème nucléaire nord-coréen? Comment on dit "organisation de coopération de Shanghai" en japonais? Mao Zedong ça s'écrit comment en idéogrammes?

Voilà quelques une des questions qui m'ont préoccupé durant toute la matinée. Ca faisait longtemps que j'avais pas eu une telle motivation pour les études, alors il faut en profiter. Je continue ainsi jusque vers 11h30, puis je m'apprête tout doucement à aller à Doshisha.

Petit passage à la cafétaria puis à la bibliothèque. Puis rendez-vous avec quelques amis pour aller tous ensemble en direction du Neiseikan. Ca y est, plus que quelques minutes avant d'entendre le grand, l'illustre...

Tadao Ando. Je ne le connaissais jusque là que de nom. On m'avait dit que cet architecte était assez respecté et admiré au Japon, mais là ça dépasse vraiment tout ce que j'imaginais. Comme première impression, il m'a curieusement fait penser à Françoise Sagan. Une longue mèche de cheveux bruns ( oui, ça reste un Japonais quand même), et dès qu'il a ouvert la bouche les mots qui se précipitent les uns derrière les autres dans un flux non-stop et à peine compréhensible.

En attendant de m'habituer à sa manière de parler, j'observe les réactions de mes voisins. Sur pratiquement toutes les têtes, au moins un air de profond respect, au mieux de la fascination. Pas un seul pour manifester un quelconque signe d'ennui, alors que d'habitude après deux minutes de cours plus de la moitié des têtes commencent déjà à s'afaisser. Non ici je vois même des gens afficher un petit sourire en coin ou bouger légèrement la tête d'un air approbateur. C'est d'autant plus intriguant qu'à ce moment il était en train de sermonner les étudiants qui viennent à l'université pour y faire tout sauf étudier. Mais bon, comme c'est monsieur Ando qui le dit, on ne peut faire qu'acquiescer...

Tadao Ando nous raconte ensuite brièvement son parcours. Comment il a d'abord appris l'architecture en autodidacte, avant de se lancer dans un tour du monde dont il revient avec des idées plein la tête. Il passe ensuite à un diaporama de ses réalisations phares, qui va vraiment très très vite. Après il nous parle de son environnement de travail, de son bureau qu'il a bien sûr conçu lui même. Et de son chien qu'il a appelé "Le Corbusier". Comme ça, à chaque fois qu'il voit son chien il se rappelle qu'il doit tout faire pour dépasser Le Corbusier, nous dit-il... Donc voilà Thomas, ton prochain chat tu pourras l'appeler "Ando".

Tout cela dure près de deux heures. Je dois avouer que sur la fin j'ai commencé à fatiguer. Les autres auditeurs par contre ont tenu pratiquement tous bien droit sur leur chaise jusqu'au bout. Tout cela était certes très intéressant, mais il faudra que l'on m'explique ce qu'il a de si fabuleux ce mec pour provoquer un tel miracle.

Retour à Mukaijima, où je me plante devant la télé. Oh, tiens mais qui voilà!!

tadao

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Commentaires
A
...la "célébrité" que j'ai vu et qui essayé de nous vendre son bouquin c'est frédéric beigbeder à la fac de Droit d'Amiens. j'ai pas dû la raconter celle là... je n'ai jamais sus où le placer ce chère monsieur : est-il fou, mégalo, très intelligent,... en le voyant j'ai à peine réussi à cerner une partie de sa logique. en tout cas, je sais qu'il est loin d'être bête et il m'a donné envi de le lire.<br /> dans l'amphi, on buvée ses paroles jusqu'à ce qu'un jeune un peu lascar se mette en l'engueuler et à parler d'auteurs talentueux qui méritent plus le succès que lui. jalousie d'un auteur incompris??<br /> enfin, on s'en fou peut-être, mais c'est pour parler d'un moment qui est gravé dans ma mémoire et que ton article me rappel. voilà. à+;-)
Le pont d'où on observe la lune
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